Les citoyens d'une nation donnée sont-ils interchangeables avec ceux d'une autre ? Bonne question. Posons-nous la en prenant des exemples parmi les nations qui envisagent l'indépendance comme nous.
Si on remplaçait du jour au lendemain tous les Écossais par autant de Pakistanais fraîchement débarqués à qui on remettrait un kilt honorifique en arrivant, croyez-vous que la nation écossaise resterait indentique à ce qu'elle a toujours été, que ce soit dans son mode de vie, ses moeurs, sa vie sociale, sa vision des choses, ses traditions, son sentiment de continuité ?
Et si tous les Catalans étaient entièrement remplacés à leur tour dans l'espace de 5 ou 10 ans par un arrivage équivalent en nombre de Philippins, de Colombiens ou de Tamouls que l'on coifferait du traditionnel béret catalan, croyez-vous que ces derniers adhéreraient spontanément à l'identité culturelle catalane, en reprenant le flambeau dans le but de la sauvegarder et de la mener à l'indépendance ? Jamais en cent ans.
Ces exemples nous font voir clairement l'illogisme de la définition civique de Québécois (quiconque habite ici) préconisée par certains. L'identité culturelle d'un peuple ne peut être maintenue et transmise qu'à ceux qui y ont un attachement qui traverse les générations ou à ceux qui développent naturellement cet attachement à leur arrivée ici (la chose étant généralement possible pour les occidentaux), chose qui ne se produit tout simplement pas chez les allophones (votant à 99% pour le Non). Le concept d'inclusivité universelle si cher à certains (et qui donne si bonne conscience) atteint ses limites lorsqu'il signifie le morcellement irrémédiable de la nation hôte jusqu'à sa disparition totale.
La simple définition civique ne circonscrit aucune entité collective liée par une histoire commune, des ancêtres de longue lignée, une langue maternelle partagée et non acquise secondairement, un attachement à la terre natale, le sentiment de continuité d'une génération à la suivante, bref, cette définition civique aseptisée ne réunit aucun groupe sous le signe d'une même culture vivante partagée que chaque individu contribue à consolider.
La définition d'identité culturelle est la seule valable dans une perspective de préservation d'une nation distincte et de tout ce qu'elle représente. C'est là la base du nationalisme qui doit nous animer tous.
Réjean Labrie, de Québec, capitale nationale.
En complément de lecture : La raison d'être de l'élan souverainiste : affirmer le Nous identitaire